Laboratoire de recherche/ Fablab.
Texte inédit de Lisiane Durand
Un projet Fab-lab proposé par Artcéna.
- Résidence du 3 au 7 Décembre 2024 Les Tréteaux de France CDN
Présentation du projet le 13 et 14 Décembre
Le 13 Décembre 10h / Les Tréteaux de France (avec d'autres projets jeune public)
Le 14 Décembre à 15h au CDN Aubervilliers La Commune.
13h30 restitution du FABLAB de Stanislas Nordey : texte de Julien Gaillard
15h restitution du FABLAB de Johanny Bert : texte de Lisiane Durand
- Résidence du 30 Janvier au 6 Février 2025, scène nationale de Blois
Présentation du labo le 6 Février
Equipe du laboratoire
Yaël Ciancilla, comédienne
Juliette Allain, comédienne
Marion Lhoutellier, musicienne (violon et machines électroniques)
Mise en scène : Johanny Bert
Assistants mise en scène : Maya Lopez, Brice Magdinier apprentis comédien aux Tréteaux de France.
L’équipe
J’imagine ce projet avec deux actrices marionnettiste et une musicienne.
Dès la première lecture j’ai eu la sensation que le personnage principal, Rachel était « empêchée » ou « hors d’une certaine norme ». Que l’énergie qu’elle déploie à s’extraire d’une réalité et à fantasmer cette histoire pouvait être à la fois un combat, une fuite et une affirmation. J’ai rencontrer plusieurs comédiennes en situation de handicap physique avec le désir de suivre cette intuition pour ce texte. Je trouve interessant que le sujet du texte ne soit pas le handicap physique justement, mais que la situation du personnage créé un autre désir, un autre regard sur le monde, un autre rapport au corps.
Cette intuition m’a posé pleins de questions sur la présence de personnes avec des particularités sur les plateaux de
théâtres. J’ai travaillé plusieurs fois sur ces sujets dans des spectacles notamment avec des comédiens et comédiennes sourdes dont Emmanuelle Laborit. Mais jamais avec quelqu’un en situation de handicap physique. Ce texte m’a entrainer vers cela.
Il me semble important de travailler avec une comédienne qui est véritablement en situation de handicap physique.
Ces personnes sont rares sur les plateaux de théâtre. Ce serait une belle façon de montrer encore un fois, aux jeunes
spectateurs que la différence peut être une force.
Le texte
Un dimanche de Pâques à la campagne. Rachel cherche les œufs dans le grand pré immense derrière la maison. Elle s’éloigne, s’éloigne, plus attirée par la liberté et la solitude que par les œufs en chocolat. Plus elle s’éloigne, plus les rumeurs provenant de la maison familiale enflent : les remarques de son père sur son nez trop grand, les mises en garde de son père sur la dangerosité des animaux sauvages, les commentaires de son père sur les immigrés, ses
certitudes sur un cataclysme mondial prochain... Rachel accélère, tente de fuir la fatalité familiale, prend ses jambes à son cou entre les herbes folles.
Au milieu de la quiétude des champs, au cours de sa fuite, par hasard dans le pré, Rachel trébuche sur une oreille. C’est une oreille humaine, cela ne fait aucun doute. Mais que fait cet objet macabre au beau milieu de la tranquillité de la campagne française ? Rachel la ramasse, la met à l'abri de la fringale des chiens. Cette oreille mystérieuse devient une confidente, une antre pour déverser tout ce qu'on ne peut dire à personne, tout ce que personne ne veut entendre.
Créer à destination du jeune-public à toujours été présent dans mon parcours de comédien et metteur en scène. Ma première création en 2001 à l’âge de 21 ans avec Le Petit Bonhomme à modeler que j’ai joué durant sept ans puis Les Pieds dans les nuages en 2004 que j’ai eu la chance aussi de jouer durant huit années. Suite à des ces créations, j’ai alterné entre des projets jeune et tout public et des projets public adulte mais toujours en travaillant avec des autrices et auteurs contemporains. Pour le jeune-public, j’ai souvent travaillé avec des autrices et auteurs sous formes de commandes d’écriture et dans un dialogue d’écriture: Les Orphelines de Marion Aubert, Elle pas Princesse/Lui pas héros ainsi que Frissons de Magali Mougel, Pastoussalafoi de Philippe Dorin. Le Petit Bain (écriture à trois autrices et auteurs et un chorégraphe). Ou en travaillant sur des textes inédits que j’ai découvert dans des comités de lecture : De passage de Stéphane Jaubertie, Le Processus de Catherine Verlaguet toujours en tournée cette saison et la saison prochaine.
Pour moi, penser et créer des spectacles à destination de la jeunesse est une plus grande responsabilité, mais une responsabilité pétillante. Pour certains enfants, les sujets que nous pouvons aborder, la façon dont nous allons en parler ou les montrer sur scène pourront avoir des répercussions importantes dans leur apprentissage et leur appréhension de la vie de citoyen·ne. Je crois beaucoup en cette pensée active que crée le théâtre pour des jeunes spectateurs. Ce sont des philosophes en puissance ! Ils ne savent pas toujours mettre des mots sur ce qu’ils ressentent mais leurs sensations, leurs émotions sont intenses et génèrent en eux des questionnements profonds. Je trouve passionnant de leur présenter des réflexions complexes, qui s’opposent. Leurs yeux aspirent le monde pour mieux comprendre, chercher et jouer avec ce qui les entourent.Créer pour la jeunesse, c’est surtout penser le dialogue entre les générations, de l’enfant à l’adulte et c’est un élément fondamental dans la réflexion d’une création. Je pense que tous les thèmes peuvent être abordés pour la jeunesse et j’ai à coeur de trouver à chaque création, la façon juste, précise et engagée d’aborder une écriture, un sujet. Ce qui m’anime en tant que créateur implanté en région depuis longtemps c’est qu’a travers la création jeune et tout public, nous poursuivons et ré-inventons encore, les fondamentaux de la démocratisation culturelle à travers des actes concrets et engagés.
Johanny Bert